Le 23 juin 1950, à Figeac dans le Lot, fut inaugurée une borne de la Route mondiale marquant l’adhésion de la ville au mouvement des Citoyens du Monde. Cette route, qui porte l’idée d’une circulation sans frontière, avait disparu. La borne va réapparaître 75 ans plus tard, grâce à la pose de l’une de ses reproductions au cours d’une cérémonie, organisée lundi 2 juin à Figeac, près de l’emplacement de la borne historique. Adhésion spectaculaire dans le Lot Dans cette première partie, nous allons évoquer les origines et la relation avec la Ville. Ce mouvement pacifiste et utopiste des Citoyens du Monde s’est déployé dans le contexte de la guerre froide et face au risque d’une nouvelle guerre mondiale entre blocs à la fin des années 1940. Il a rencontré dans le Lot une spectaculaire et sincère adhésion populaire qui révélait la volonté de reconstruire une Europe en paix. Dans le département, ce mouvement est souvent désigné par le nom Depuis quelques années, l’association Cahors Mundi met en lumière cette mémoire en rappelant l’histoire de ce mouvement, les fondements de son succès lotois, et le contexte local comme international qui l’a vu naître. Des travaux d’historiens ont permis de mieux comprendre son action et de diffuser la connaissance sur celui-ci. Enfin, des fac-similés de bornes réalisées dans les années 1950 – et généralement disparues depuis cette époque – ont été proposés aux communes adhérentes après-guerre à ce mouvement. Cahors, Saint-Cirq-Lapopie, Lamagdelaine, se sont déjà dotées de nouvelles bornes de la Route mondiale, inscrivant à nouveau dans l’espace public l’idéal de paix et de fraternité qui animait ses concepteurs. Avec Garry Davis Parmi les chercheurs, Michel Auvray,historien et journaliste, s’est découvert une passion pour ce mouvement citoyen à son arrivée à Cahors, qu’il retrace dans son livre « Histoire des citoyens du Monde – un idéal en action de 1945 à nos jours » (que nous avions présenté en septembre 2020). Il revient dans cet ouvrage sur l’émergence de ce concept, initié par le militaire américainGarry Davis, pilote de bombardier pendant la 2e Guerre Mondiale. Trois ans après le conflit, celui-ci renonce à sa nationalité pour devenir citoyen du Monde, raconte Michel Auvray. « En 1948, il va profiter d’une assemblée générale des Nations Unies à Paris pour se mettre en scène. Il est reçu par le président de la République Vincent Auriol. Garry Davis va être très populaire ». Dans la foulée de son intervention, il crée le mouvement des Citoyens du Monde. Nombreuses personnalités et anonymes le rejoignent comme André Gide, Albert Camus, Jean-Paul Sartre, André Breton, … Rejet de la guerre Et notre Département adhère massivement à ce mouvement mondial. Selon Benjamin Philip, animateur du patrimoine au Pays d’Art et d’Histoire du Grand Figeac, « ça questionne sur ce que ressentaient les gens à l’époque, avec le souhait d’arrêter les guerres fratricides en Europe. Les Lotois sont pacifistes. Les guerres qui vont suivre sont impopulaires. Il y a une tradition de rejet de tout ça ». En 1949-1950, les deux tiers des communes lotoises signent la « Charte de mondialisation des communes et des villes du Monde », votée à Cahors le 30 juillet 1949